Les robots sortent petit à petit des usines pour pénétrer des secteurs peu robotisés, tels l’agriculture, le BTP, le naval et la défense. Loin de remplacer les hommes, ils collaborent au contraire avec eux, en réalisant des tâches répétitives, pénibles ou dangereuses, dans des environnements difficiles (chaleur, terrains accidentés…). Automatiser une action requérant dextérité et précision implique une parfaite compréhension de la tâche bien sûr, mais aussi des interactions homme-machine. C’est pourquoi, un projet de robotique professionnelle doit nécessairement être centré utilisateur.
Explication avec nos experts en automatisme et robotique : Kévin Subrin, chercheur au laboratoire LS2N, et Samuel Bonnet, ingénieur et responsable opérationnel de l’activité automatisme et robotique.
Photo : Kévin Subrin et Samuel Bonnet en visite chez Shark, partenaire de CAPACITÉS
Mots Clés :
Comment prendre en compte le métier de l’opérateur ?
K. Subrin Nous adoptons une approche pragmatique, basée sur l’observation, et visant à architecturer une solution robotique parfaitement intégrée à l’environnement de travail des opérateurs.
Pour comprendre leur métier, nous allons jusqu’à nous placer dans leur situation de travail réelle. Avant de développer un robot de déminage pour la Direction Générale de l’Armement, nous sommes allés nous former au déminage dans un camp militaire. Quoi de plus efficace pour cerner les contraintes réelles du métier de démineur ?
A partir de nos observations, nous remettons en question le processus manuel, pour l’adapter à l’utilisation d’un robot, avec les précautions, les limites et les normes que cela implique. De fait, un humain adopte des positions de travail limitées par ses capacités physiques. Le robot quant à lui, est doté de capacités supérieures. Aussi, nous nous affranchissons du procédé suivi par l’homme, pour créer un nouveau procédé réalisable par le robot, plus performant que s’il était réalisé manuellement.
Dans quelle mesure vos choix de technologies sont-ils guidés par l’observation des opérateurs ?
S. Bonnet La réussite du projet implique qu’il soit abordé dans sa globalité. Au-delà de l’opération manuelle, c’est tout l’environnement dans lequel elle s’effectue que nous prenons en compte, sans oublier ses interactions avec d’autres opérations. Il y a un ensemble de défis à relever pour automatiser un procédé donné… Sur un même projet, nous allons mobiliser un mécanicien, un métrologue, un informaticien, un roboticien, un spécialiste de l’intelligence artificielle, etc.
K. Subrin Nous n’avons aucun intérêt à orienter le client vers une technologie plutôt qu’une autre. C’est d’abord la compréhension des opérateurs et de l’opération à robotiser qui détermine nos choix de machines, et non l’inverse. Nous connaissons bien les équipements disponibles sur le marché et sommes en veille permanente pour rester à la pointe des technologies. Nous nous attachons simplement à préconiser les solutions les plus pertinentes pour réussir le projet.
S. Bonnet Pour des besoins similaires chez deux de nos clients, nous avons répondu avec deux architectures robotiques complètement différentes. Nous nous sommes adaptés aux particularités pour proposer des solutions parfaitement abouties, tant du point de vue technologique qu’organisationnel.
Comment faites-vous pour que les robots soient bien accueillis par les opérateurs amenés à les utiliser ?
K. Subrin Pour faciliter la prise en main du robot, nous portons une attention toute particulière à son ergonomie, et ce dès la phase de conception. Pour le constructeur de bateaux Bénéteau, nous avons conçu un robot de polissage de coques comme le prolongement de la main de l’opérateur. Les pièces à polir étaient de grandes dimensions (10 X 4 mètres) et obligeaient le robot à être situé en hauteur. L’opérateur pilotant le robot devait quant à lui rester positionné au sol. Pour faciliter le pilotage, nous avons donc intégré des affordances, c’est-à-dire des capteurs déportés ou dupliqués permettant de contrôler avec précision l’action du robot.
Selon vous, cette approche « centrée utilisateur » est donc la condition sine qua none d’un projet de robotique réussie ?
K. Subrin Oui, la clé du succès réside dans l’association de l’empathie envers le process et les opérateurs, et le recul scientifique et technique nécessaire pour utiliser au mieux les machines et les capteurs.
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